Extrait de "Comète" de Cécile Jouan

Publié le par C.R.2008

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« Quand, le 15 juillet 1943, Franco a rencontré pour la première fois Jean Serment (Yvon Michiels), c’était à Orval, et Cartier (Antoine d’Ursel) assistait à l’entretien, il a exposé au nouveau chef belge le problème que représente à présent le passage de la frontière. Auparavant, les guides belges amenaient les « enfants » aviateurs directement en train de Bruxelles à Paris. Les trains, en effet, y sont maintenant si surveillés, et de même les douanes, que le passage par voie normale est devenu impossible pour qui ne parle pas couramment français. Il faudrait envoyer quelqu’un qui organiserait et dirigerait une série de « passes » clandestines. Le jeune homme, quant à lui, n’en connaît qu’une, à Sivry, qu’on utilisera pour commencer.

 

Jean Serment a promis de trouver quelqu’un, et vers la mi-août est arrivé à Paris Jean-Jacques (Albert Mattens). Jean-Jacques a vingt-quatre ans. C’est un ami de Deltour (Jules Dricot), venu comme lui du 1er carabiniers et de l’A.S. (Armée Secrète). Petit, mince, brun, l’air délicat, de beaux yeux pleins de douceur, une voix tranquille … Rien qu’à le voir, on se rend compte qu’on a devant soi quelqu’un de sûr. Dès le 3 septembre, muni d’une adresse que lui avait fournie Serment, Jean-Jacques est remonté à la frontière belge organiser la passe d’Erquennes. Il y a trouvé Maurice Dieu, le douanier, qui l’a présenté à son ami « Félix » - un jeune gars costaud, à la chevelure blonde, depuis 1941 spécialiste du passage d’évadés.

Dès que l’ombre tombe on quitte la maisonnette de Maurice pour s’engager, à travers champs et prairies, dans le no man’s land, large à cet endroit de 2 kms. Bavay est la première halte en terre française. Après quelques semaines, cependant, Felix l’avisé a trouvé une méthode plus rapide de faire franchir aux hommes la frontière : c’est de les cacher dans la voiture du docteur Aimé Colson, le médecin local, qui est connu dans toute la région « comme un vieux sou » qui passait chaque fois avec ses ‘colis’ les deux frontières, belge et française, l’une après l’autre. Maurice le douanier n’est-il pas au poste, prêt à intervenir au bon moment ? Et n’a-t-il pas, du côté français, de bien utiles relations ?  A Bavay, le docteur conduisait ses passagers vers la maison de G (Gérard ?), le sous-chef de gare,. A 5 heures du matin, G. lui-même poinçonne les tickets, dans son uniforme et impassible, à l’entrée du quai où le guide et ses « enfants » prendront le train de Valenciennes. Le voyage jusqu’à Paris durera 9 heures. »

 

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